SNCF: et ils osent faire grève ?!
- Par stéphane guénégou
- Le 17/04/2010
- Dans emploi
Alors que les lignes ferroviaires Françaises vont s'ouvrir à la concurrence, certains jugent bons de respecter leur quota d'heures de grève...Les italiens Trenitalia arrivent en juin 2010 sur Milan-Chambéry- Paris et sur Gênes-Marseille-Paris, les allemands, anglais et espagnoles suivront. La SNCF, c'est en 2009 : plus de 700 millions d'euros de pertes attendus - les résultats définitifs seront connus en mars - une dette qui s'est envolée de 29,8% (7,7 milliards d'euros) et un chiffre d'affaires en recul de 1,8% (24,7 milliards d'euros). En comparaison, la Deutsche Bahn, concurrencée par 372 opérateurs privés, a dégagé un bénéfice de 1 milliard d'euros en 2009. La ponctualité s'est dégradée depuis cinq ans : 17,2% des trains grandes lignes sont arrivés en retard en 2008. Heureusement que la SNCF est la meilleure dans une spécialité nationale : les grèves : 123 166 journées de travail perdues en 2008, pour 200 000 salariés. Côté horaires, le cheminot français n'est pourtant pas à plaindre : d'après le dernier rapport annuel de la Cour des comptes, un conducteur de ligne travaille 6 h 14 par jour, soit 1 h 35 de moins que la durée théorique légale. Idem pour les agents des grandes lignes (6 h 13) et des TER (6 h 08).
La CGT s'est ainsi opposée à tout assouplissement de l'organisation du travail. Pourtant, selon des calculs internes, l'extrême rigidité des postes accroît de 30% les coûts salariaux. La raison ? A la SNCF, on est «mono tâche». L'agent de con duite conduit, point. Alors que chez Euro Cargo Rail, premier opérateur privé de fret et filiale de la Deutsche Bahn, il effectue les essais avant le départ du train, vérifie les lanternes de sécurité et nettoie sa machine.
Le comble du ridicule ? : Faute d'avoir fait plier les syndicats sur ce terrain, le PDG Guillaume Pepy mène désormais un lobbying d'enfer auprès du gouvernement pour que tout nouvel entrant opérant en France soit obligé d'adopter le fameux «statut» maison ! «Si les concurrents ne sont pas soumis aux mêmes règles que nous, on va droit au casse-pipe», affirme le directeur de la stratégie, David Azéma. Quitte à être mauvais dans la gestion des effectifs, autant que tout le monde le soit...
